Le Ladakh.
Le
Ladakh. Nord de L'inde. Himalaya. Frontière du Tibet.
Rien que ça, ça
donne une idée de ce que l'on peut imaginer. Non pas ressentir.
Aucun de ces mots qui seront dans ce texte ne pourra vous donner une
seule petite idée de ce que l'on ressent vraiment là-bas. Et de ce
que l'on ressent quand on revient.
Je vais commencer
par le début.
Premier jour :
Je retrouve un petit groupe à l'aéroport de Paris, bien sympa. Un
médecin, une infirmière, une ostéo, une psy... Tous dans le
domaine des médecines complémentaires. Et je rencontre Christiane,
qui organise ce voyage. Une personne au grand cœur et pleine
d'amour.
L'arrivée à
Delhi après quelques heures d'avion fut étrange. Il était minuit.
(Avec un décalage de trois heures et demi de plus heure d'été
là-bas).
On m'avait parlé
de la pauvreté là-bas mais devant l'aéroport, on ne le voit pas.
Par contre, il y fait une chaleur de dingue. Humide, et étouffante.
On se croit dans un vivarium.
Enfin, Delhi sera
pour la fin, pour ce moment, nous prenons un avion à 5h30 pour Leh.
Jour 2 :
Arrivée à Leh. 2800 m d'altitude. On respire ! On voudrait
respirer mieux mais rien d'affolant, je m'attendais à pire. Et puis
une odeur étrange surprend. L'air est sec, froid, sableux. Mais
l'odeur, les locaux nous disent que ce sont celles des incinérations.
En descendant de l'avion, du sable, un ciel bleu , des pierres et la
montagne. C'est magnifique. Les informations arrivent en vrac. Des
taxis klaxonnent, la poussière, les magasins où tout s'entasse, des
ruines, des temples, des chiens, des vaches, le soleil et la
montagne.
Au petit déj :
omelette, tartines de beurre.
A midi :
Riz, légumes au curry, dal (lentilles de coraux), une salade de riz,
un peu de reiki sur le tout et dodo le reste du temps !
L'altitude, ça fatigue !!!
Jour 3 : Le
27 août 2013. Journée visite.
Nous visitons
deux temples. Pas besoin de dire que l'énergie qui s'en dégage est
incroyable et que les moines rayonnent de sagesse et de présence.
J'ai acheté un
pendentif représentant dans le bouddhisme ce qui chasse l'ignorance.
Puis en fin
d'après-midi, je me suis retrouvée dans une boutique de pierres. Le
marchand m'a souri, et m'a dit « Bonjour Natacha ! Tu as
un grand pouvoir que tu utilises pour les autres et pas assez pour
toi. Moi aussi j'ai travaillé avec des chamanes, et tu as besoin de
te protéger. Au retour de ton trek, reviens me voir, nous
travaillerons ensemble. » Il m'a alors offert un rubis étoilé
pour me protéger, que je dois garder sur moi, n'importe où je vais.
Jour 4 : Une
journée en voiture. Départ pour le premier campement avant le trek
à 180 km de Leh, en suivant la frontière du Cachemire.
Visite d'un
temple, repas dans un petit village, observer les paysages, prendre
des photos d'une station d'essence, de yaks, d'enfants...
L'arrivée au
campement fut royale. On fit mieux la connaissance de nos guides :
Les muletiers, les cuisiniers, l'helper et le guide principal. On a
eu le droit à un repas aux chandelles, dans une tente. Ils étaient
à notre service bien plus qu'on ne pourrait l'être pour n'importe
qui. La leçon d'humilité commence.
Jour 5 :
Premier jour de trek avec Youngtong, le guide. La première montée
fut terrible. Mal des montagnes. Heureusement qu'on était tous dans
les médecines. Huiles essentielles, et énergies.
Enfin, le trek ne
s'arrête pas là. On a continué en traversant des gorges, en
grimpant sur les rochers à l'aide des guides. Et là, je ne saurais
expliquer mais autant je peux voir les totems en transe, et certaines
énergies, autant, à ce moment-là, même sur les photos, le paysage
et les énergies sont devenues presque palpables, et n'importe qui
auraient pu les ressentir ; je voyais des chevaux galoper et
descendre dans le sens du courant du ruisseau, et l'énergie de mon
corps est devenue plus vive, et plus saine. J'étais comme soignée.
L'eau était froide, et pure.
Puis après cela,
nous sommes remontés à une grande place naturelle où ont été
bâtis deux temples, et un temple troglodyte où a (supprimer le a)
méditer Padma Sambava. Nous y avons dormi.
Sur ce dernier
temple, sur la grotte, était inscrit dans la roche naturellement
« Om Mani Padme hum. »
J'ai demandé ce
soir-là à Youngtong, qui ne semblait pas porter d'importance plus
grande qu'un respect à la religion et au bouddhisme en quoi il
croyait, car on ne pouvait pas voir une chose si incroyable sans ne
rien croire. Il m'a alors répondu : « Je n'y crois pas,
mais j'ai confiance dans les choses. » Deuxième leçon.
Jour 6 : 8h
de marches. Beaucoup plus éprouvant. J'ai pu faire un peu de cheval.
C'était d'ailleurs dingue car j'avais la sensation qu'il me
comprenait lorsqu'il était fatigué et que je le rassurais.
Quelques coups de
soleil, quelques discussions enrichissantes avec Youngtong.
Comparaison des peuples. Ici on ne juge pas. On est humble et
patient. Tout le temps dans le présent. Naturellement.
Troisième leçon.
Jour 7:Moitié du
séjour, déjà. La vieille, j'ai passé une grosse partie de la nuit
à parler avec Youngtong. Beaucoup de choses se sont débloquées. Un
lien puissant naissait.
J'ai appris sur
ce peuple : la cohabitation avec les musulmans est difficile.
Ils ne jugent pas cette religion, mais n'aiment pas ce qu'elle fait
aux hommes. Ils ont un égo mais s'en servent pour se détacher. Pas
besoin de ressentir les énergies ou de chercher la spiritualité
comme nous. Elle est juste là, omniprésente.
Ce jour-là, nous
avons pris le chemin vers la maison de l'Amchi. Nous sommes arrivés
chez lui, il préparait le blé avec sa famille. Il nous a alors
préparé un premier repas pour 5h, puis un autre dîner le soir.
L'accueil est plus que chaleureux. Nous sommes comme des rois.
Là-bas, le
soleil se couche à 19h, et très vite. Ça fout le cafard que les
journées ne puissent continuer plus longtemps. On voudrait que le
temps s'arrête quelque fois pour profiter encore plus. Mais bon,
moment présent ! Ne pas réfléchir. Juste être là, comme une
montagne.
Écriture
instantanée :
Des fois je
réalise où je suis. Des fois je cherche qui je deviens.
La sagesse et la
vie semblent parfois paradoxales. Les émotions passent. Et partent.
Les souffrances peuvent devenir inexistantes si on suit des règles.
Le détachement. Oui mais comment ? Si s'attacher est
souffrance, c'est aussi très agréable. L'acceptation. Oui mais je
voudrais aussi pouvoir changer les choses. Certaines. La compassion.
Le vieux chamane de Leh a raison, je ne suis pas protégée car je
n'ai que l'empathie.
Et l'amour...
Universel et inconditionnel. Pas si simple de s'aimer suffisamment
pour ne plus juger ou bien juste aimer tout le monde. Difficile de
dire « Je suis Dieu mais je ne pète pas plus haut que mon
cul ». Pourtant je me surnomme Gaia. Où est-ce que j'en suis
dans tout ça ? Venir ici remet en question ce que je pensais
savoir de moi. La maturité n'existe pas. Il n'y a que la leçon de
la vie.
Jour 8 : je
me sens hors du temps. Et de l'espace. Mon cafard du départ commence
déjà. Cinq jours ne représentent pas cinq jours. Mais à la fois
deux jours et un mois. Ça fait un mois que je suis là et ça passe
vite. Voilà je me sens hors du temps et de l'espace. Je suis venue
chercher une chose et je ne veux plus repartir avec.
Je m'en fous des
plantes. Je m'en fous de savoir à quoi elles servent et comment on
les cueille et si on doit les faire sécher.
Si je dois
revenir avec quelque chose, je ne sais pas encore quoi. La
philosophie, les relations humaines.... Juste des photos avec
quelques notions de médecine et de religion.
En tout cas,
l'Amchi dégage vraiment quelque chose de fou. D'agréable. Comme
beaucoup ici. Nous sommes allés chercher de la rhubarbe sauvage et
le soir nous devons préparer le Tang.
Pour
faire un médicament à base de plantes, il faut une base de 7
substances.
Parmi elles, on
peut trouver des racines, des branches, feuilles, noyaux, algues et
fleurs. Mais aussi des parties animales.
Ces 7 plantes ou
substances, sont dans un premier temps séchées. Les délais vont de
3 mois à une année. Puis elles sont écrasées à l'aide d'une
grosse pierre et réduites en poudre dans un tamis.
En fonction de
l'utilisation du médicament, celui-ci peut rester en poudre ou être
transformé en petites billes.
On peut devoir
les mâcher, les mettre sous la langue, les boire en tisane, les
avaler avec de l'eau chaude, de l'eau froide ou du lait. Tous ont une
heure particulière où leurs effets sont plus efficaces.
Youngtong m'a
accompagnée au lac. Et le temps s'est arrêté. J'ai vu le lac, le
glacier, les pierres, la terre, les couleurs froides. Et plus un
bruit. Le silence. Les seuls sons perceptibles n'avaient plus aucun
sens. Je me suis alors assise, les jambes tremblantes, et il s'est
mis à neiger. J'ai pleuré. Pleuré comme je n'avais pas pleuré
depuis bien longtemps. J'ai lâché. J'ai laissé au bord de ce lac
tout ce que j'avais été. Tout ce que je pensais être. Et tout ce
en quoi je croyais. J'ai laissé tout ce qu'un être est par ce qu'il
apprend. Je n'ai gardé que Moi. Un Moi profond, un Moi enfant. Un
Moi neuf. Un Moi lumière. Ce fut comme une sorte d'accomplissement.
Je suis restée seule un long moment. Lorsque je suis redevenue
calme, le ciel s'est éclairci, et un soleil tiède est apparu.
Alors que nous
avons mis 5h à monter au sommet, nous n'avons mis que 2h30 pour
redescendre.
Après cela, j'ai
découvert certaines traditions ladakhi derrière un rocher...
Jour
10 : Come back to Phocart. La maison de Samphel et son
neveu Youngtong.
Visite de l'école
dont Christiane est la directrice. On a assisté à l'inauguration
d'une nouvelle classe. C'était sacrément émouvant. Les enfants
étaient en costume en fonction de leur tribu et ont dansé pour
nous.
Aujourd'hui je
collecte pour eux un peu d'argent pour financer les études d'un des
enfants et aider à la construction de cette école. Aider
Christiane.
Et bien sûr, le
soir nous avons fait des momos avec la famille.
Le titre va
prendre tout son sens maintenant : Les momos sont une sorte de
ravioli à base de moutons, d'ail et d'épices.
Et qui nous a
aidés ? Un moine qui est professeur dans l'école de Phocart.
Les moines sont bel et bien végétariens. Mais ce n'est pas parce
qu'on est végétarien, qu'on ne peut aider ceux qui mangent de la
viande. Après tout chacun son choix de vie. Aucun n'est meilleur
qu'un autre. Le meilleur en fait, c'est juste d'aider l'autre !
Et puis merde, ils étaient bons ces momos !
Le staff nous a
fait un gâteau avec écrit « See you again ». Mais je ne
veux pas être dans cette optique. Je suis triste de quitter
Youngtong, je ne le verrai presque plus, mais garder contact je ne
sais pas. C'est dur d'essayer de faire ça bien. Des fois je me sens
détachée, et des fois attachée à jamais.
Jour 11 : Je
rêve de rester sur les routes.
Retour à Leh.
Seule avec mon rubis dans la voiture. Demain matin, nous verrons la
chamane. L'oracle.
J'ai le blues.
Quelle que soit l'endroit d'où je pars, il me manque. De chez moi,
ou d'ici. J'ai le cafard.
On peut être
heureux posé à un endroit. Mais j'ai la sensation de vivre 100 fois
plus et 100 fois plus longtemps dans le voyage. Je ne me suis pas
trompée dans ma voie, mais elle n'est pas à 100 % pour moi...
Je sais qu'on
doit se sentir bien où que l'on soit si on est bien à l’intérieur.
Et je suis bien partout, et encore mieux ailleurs...
Quelques
anecdotes :
- J'ai acheté
mes bijoux de mariage et alliance là-bas.
- Youngtong
marche sur les braises.
- Ici, les
ladakhi courent dans la montagne en tong. Nous on tombe doucement en
grosses chaussures.
Ah
l'attachement... Source de souffrance. L'attente, la peur, le besoin.
Comment ne pas ressentir tout ça et être en paix ?
Croire qu'il
arrive ce qui doit être et non ce que l'on veut qu'il soit ; Et
accepter.
Je vais tenter de
laisser venir les choses. Ça me laisse le temps d'être patiente et
de réfléchir ; Non, méditer... Je ne sais plus la différence.
Ou juste laisser aller. Ressentir qui je suis. Ou ce que je veux.
Jour 12 :
VISITE
D'UNE CHAMANE
On peut leur
poser n'importe quelle question, quelle maladie, quel souci.
Nous arrivons
tous dans une petite pièce om sont disposés 7 bols, correspondant
aux 7 bols de d'offrandes bouddhistes et où sont disposés plusieurs
substances.
Dans un premier
temps, la chamane allume une résine de
copal qui enfume toute la pièce et nous plonge dans une transe qui
coupe notre mental.
Elle commence à
réciter des mantras, prend un chapelet
et une cloche, et enfile petit à petit son vêtement d'Oracle.
Elle se munit
alors en plus d'un petit tambour, toujours de sa cloche et de son
« djorgé » qui permet de faire fuir l'ignorance,
et entre en transe durant presque une demie heure.
Alors elle nous
reçoit un par un et nous lui exposons nos soucis.
Pour ma part, je
me demandais si je devais continuer les médecines dans mon pays ou
m'élargir. Oui me dit-elle. Je reste où je suis incarnée.
Une amie demande
simplement si celle-ci a un message pour elle. Sur quoi elle répond
"Je n'ai rien à te dire, ta vie est belle, pourquoi viens-tu me
tester?".
Une ladakhi
s'approche avec son enfant. Celui-ci est malade. Ni une ni deux, la
Lhamo prend une lame de sabre chauffée
à rouge, la lèche sans se brûler et souffle sur l'enfant en
chantant des mantras. Cette technique est aussi utilisée par les
Amchi, très spirituelle et religieuse.
Une autre enfin
s'approche, et se fait comme désenvoûter. La femme est alors
frappée par le sabre, la chamane se met à lui crier dessus dans une
langue incompréhensible puis souffle de nouveau sur la personne la
langue brûlée.
Ces quatre
expériences suffisent à nous envoûter! Ce fut une immersion
enrichissante.
Dernière
journée : Je me sens mélangée. Je retrouve à l'esprit un peu
mes projets de vie et l'amour que je leur porte. Mon centre, les
soins... Ce sera dur de partir quand même. Voyager comme ça m'avait
beaucoup manqué. Je ne pensais plus à cette sensation et je ne veux
plus l'oublier. Je veux la revivre éternellement et ce sera sans
doute possible en créant de bonnes racines.
Je pourrai vivre
les deux. Le voyage et l'enracinement dans une région. Mais
effectivement je dois me protéger. Ce sera comme à l'aller, en plus
intense. Le plus dur dans un voyage, c'est le voyage. Une fois à la
maison, tout ira mieux. J'aime tout ce qui s'y trouve.
Dernière soirée
emplie de rire avec Youngtong. Pas de peine, pas de pensée. Juste le
présent. Comme une dernière petite pensée avant le départ.
Il y a eu un bon
dîner, un grand au revoir. Et une nuit blanche et inoubliable.
Le retour à
Delhi a été dur. Triste. Vide.
« C'est
l'univers qui est grand, le monde lui est petit ». Et moi
donc... Me voilà minuscule face à tout ce voyage.
On apprend à se
détacher de sa propre vie. Pour se rattacher à son vrai Soi.
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